lunedì 20 aprile 2015

AUGUST WALLA: ECCE WALLA - CHRISTIAN BERST ART BRUT PARIS




AUGUST WALLA
ECCE WALLA
Christian Berst Art Brut Paris
3-5, passage des Gravilliers - Paris
18 avril 2015 - 23 mai 2015

August Walla (1936 - 2001) - considéré depuis longtemps comme l'un des "classiques" de l'art brut - était certainement le plus polyvalent d'entre eux. L'oeuvre peint de cet Autrichien de génie est exposé et collectionné depuis près de 40 ans. La galerie christian berst art brut propose, du 18 avril au 23 mai, de découvrir une facette plus intime de sa création polymorphe à travers une cinquantaine de photographies inédites, textes dactylographiés de manifestes, manuscrits et dessins au crayon de couleur formant un ensemble historique jamais encore réuni dans une galerie.
Né en 1936 en Basse-Autriche, August Walla reste fils unique et vit une relation fusionnelle avec sa mère. Incapable de s'accoutumer à l'école, il est placé dans une institution spécialisée. À seize ans, il menace de se suicider et de mettre le feu à sa maison ce qui lui vaut d'être interné pendant quatre ans dans un hôpital psychiatrique où on le diagnostique schizophrène. À sa sortie, sa mère se dévoue entièrement à son service. Mais en 1970, August est de nouveau admis en psychiatrie, à l’hôpital de Gugging près de Vienne. Seize ans plus tard, il devient l'un des pensionnaires de la Maison des artistes (Haus der Künstler) créée quelques années plus tôt par le docteur Navratil en marge de l'hôpital. Walla y restera jusqu'à la fin de ses jours en 2001.
Comme Adolf Wölfli, Walla a rempli des pages d'écriture et lorsque la feuille de papier s'est révélée trop étroite, il a recouvert les murs de sa chambre de dessins et d'inscriptions. Parfois il peignait même sur les arbres ou sur les routes, pour ensuite photographier ses messages avec une caméra repeinte en vert parce qu’il détestait le noir. Walla inventait sans cesse des langages imaginaires inspiré par la lecture de dictionnaires de langues étrangères. Ecriture et dessin sont indissociables dans son oeuvre, pétrie de symboles obsessionnels et qui se déroule comme un continuum, dont chaque partie serait inséparable de l’ensemble.

August Walla (1936 - 2001) doit sa reconnaissance tout d'abord à son psychiatre, le visionnaire Dr. Navratil : il l'avait accueilli dans son Haus der Künstler, la communauté d'artistes établie au sein même de l'asile de Gugging, et lui avait consacré une importante monographie dès 1988. Mais, même si Walla a semble t-il toujours compensé sa réticence à la prise de parole - qu'il réservait à sa mère - par une créativité hors norme, son destin doit beaucoup à sa rencontre avec ses médecins, Leo Navratil puis Johann Feilacher (à qui nous devons le texte de notre catalogue).
Pour la première fois de sa vie, Walla n'avait plus à se cacher des autres. Après une enfance marquée par le rejet, et durant laquelle sa mère le déguisait en petite fille par crainte qu'il ne soit enrôlé dans la Wehrmacht, après des va- et-vient incessants entre foyers et hôpitaux psychiatriques, il pouvait enfin être lui-même. Pour faciliter son acclimatation, sa mère fut même autorisée à vivre avec lui dans l’institution.
Et sa fièvre artistique de prendre une dimension nouvelle, puisqu'il pouvait désormais coloniser son environnement de ses mots et de ses symboles sans crainte de représailles. Il y était même encouragé.
On ne s'étonnera cependant guère qu'à son entrée à Gugging, l'oeuvre picturale qu'il développa alors en parallèle fut plus facile à appréhender par le public : plus démonstrative, plus figurative, cette peinture peuplée de figures hiératiques et de symboles politiques antagonistes flattait l'idée que l'on se faisait alors de l'art brut.
Mais Walla, avare de paroles, a toujours été un infatigable graphomane, un créateur de novlangues nourri des dictionnaires du Monde entier dont il aimait s'entourer. Il n'avait pas attendu cet internement pour "s'engager dans une expansion symbolique vertigineuse, illimitée" comme le soulignait Michel Thévoz dès 1986. Bien au contraire, le créateur polymorphe qu'il était commença dès la fin des années 50 à s'exprimer à travers la photographie, l'installation, le détournement d'objets, la dactylographie de manifestes, et ne cessa jamais de le faire.
Au point que l'on peut penser que cet aspect-là de son oeuvre en formait le noyau essentiel, car plus intime, donc moins inhibé, moins tributaire de la réception du public.
Jamais un ensemble historique d'une telle importance n'avait été réuni dans une galerie, témoignant, une fois encore, que l'art brut ne se laisse enfermer dans aucun carcan.

Un catalogue bilingue (FR/EN) de 190 p. préfacé par Johann Feilacher accompagne l'exposition.