mercoledì 29 ottobre 2014

FOOD - MUCEM, MARSEILLE




FOOD
Produire, manger, consommer
commissaire Adelina von Furstenberg
MUCEM
1 esplanade du J4 - Marseille 29/10/2014 - 23/2/2015

37 artistes venus des cinq continents présentent le fruit de leur réflexion sur les différentes questions et les enjeux liés directement ou indirectement à l’alimentation : conséquences des changements climatiques, empoisonnement des produits agricoles, écarts dans la distribution des aliments, préservation des sols, choix des aliments, cuisines et rituels de table.
Parmi eux, cinq artistes – John Armleder, Stefano Boccalini, Antoni Miralda, Angelo Plessas, Barthélémy Toguo - réalisent des installations originales avec des objets phares choisis dans les collections du MuCEM.
L’ensemble crée un dialogue pluridisciplinaire intégrant des œuvres historiques et contemporaines ainsi que des objets du quotidien.

L’exposition « Food » pose la question fascinante de la nourriture et, à travers elle, celles de la survie, de la santé, de l’économie et de la culture. « Food » veut être, à travers le regard des artistes invités, un plateau artistique favorisant la culture, les traditions et la créativité pour mieux appréhender et comprendre les valeurs liées à la nourriture dans notre société contemporaine.
« Food » est une initiative de ART for The World, une ONG associée au Département d’Information publique des Nations Unies, et le résultat d’une action menée sur trois ans (2012-2015) avec les différentes institutions partenaires et les artistes autour de ces questions. Ce projet itinérant s’est déroulé dans trois pays différents (en Suisse au Musée Ariana-Genève, au Brésil au SESC Pinheiros-São Paulo, en France au MuCEM-Marseille) au sein de trois institutions qui ont pu rendre possible ce projet avec le concours de toutes leurs équipes et de leurs ressources.
L’exposition est constituée de projets individuels et singuliers, où l’acte de création s’est appuyé sur différents médias – photographie, cinéma, vidéo, films, objets. C’est une invitation à nous pencher sur le devenir de la terre nourricière et sur les questions liées à l’alimentation. Elle veut constituer une surprise et un défi pour le public ; elle propose une vision approfondie de la problématique de l’art et de la nourriture et des questions politiques et sociales abordées par ces artistes, tout à fait avertis des modèles d’information et de circulation de nos jours.
Les artistes invités à cette exposition proviennent des cinq continents, couvrant différents territoires et représentant plusieurs générations. Outre la qualité artistique de leur travail, ils ont en commun une forte identité et une parole interculturelle sensible aux thèmatiques liées directement ou indirectement à l’alimentation, tels que les conséquences du changement climatique, l’empoisonnement des produits de l’agriculture, l’écart dans la distribution alimentaire, mais aussi la préservation de notre terre nourricière, le choix des aliments, les cuisines diverses, les rituels et les cérémonies autour de l’alimentation et autres sujets communs liés au thème de la nourriture. Ainsi les œuvres, tout en contribuant à l’histoire esthétique et culturelle, révèlent les principaux défis de notre société contemporaine, comme le développement durable, l’immigration, les différences religieuses, les droits de l’Homme, l’égalité des sexes, etc
Bien que les artistes utilisent les matières premières agricoles comme par exemple, les haricots d’Ernesto Neto (Variation on Color Seed Space Time Love, 2009), ou encore les graines de tournesol de Jannis Kounellis (Sans titre, 1968), « Food » n’est pas une exposition sur la gastronomie ou la cuisine. Bien sûr, nous observons le photographe indien Raghubir Singh pointant son objectif sur le mouvement des mains qui portent, offrent et servent des aliments. Dans ses photographies, nous voyons les mains des femmes du Chennai avec du riz, les mains du vendeur d’eau de Delhi, ou encore la main qui fait basculer la bouilloire d’aluminium pour verser du thé dans une tasse sur le marché de Mumbai. « Une main ouverte pour recevoir et pour donner », telle qu’elle est enseignée par Le Corbusier. On peut également découvrir une femme concentrée à manger un oignon (Marina Abramović, The Onion, 1995) – une performance quasi déclarative à propos de l’endurance physique et psychologique, mais aussi sur la vulnérabilité humaine, l’identité et l’indépendance des femmes, notamment quand la voix de l’artiste parle de son usure face à la vie quotidienne : « Je suis fatiguée de changer d’avion tout le temps, d’attendre dans les salles d’attente, les gares routières, les aéroports... » […]
En puisant dans la vaste collection des objets du MuCEM, quelques uns des artistes invités ont créé de nouvelles oeuvres, comme par exemple, l’artiste camerounais Bartélémy Toguo, qui en s’inspirant de son projet Banjoun Station Agriculture, a créé une installation avec des charrues, des herses, des chariots, etc., ou l’italien Stefano Boccalini qui a revisité les marques à pain des 19ème et 20ème siècles avec une série de nouvelles marques sur le concept de son plus récent travail Crédit/Débit, ou encore le catalan Miralda qui a réuni 124 objets, dont 80 sonnettes de tables et des pichets décorés selon la tradition de tavernes populaires, qui nous rappellent les rapports à la domesticité.
Food, à travers tout le potentiel expressif de l’art contemporain, poursuit au MuCEM sa réflexion sur des thèmes liés à la terre nourricière, l’agriculture et l’alimentation. Dans cette exposition, il n’est pas seulement question de quantités et de doses. En fait, faire de l’art c’est presque comme préparer un bon repas. Cela implique le mixage, le graissage, la fermentation et peut-être un peu d’improvisation, comme cela nous arrive dans la vie.
Adelina von Furstenberg

Immagine: Antoni Miralda