giovedì 18 aprile 2013

YANNICK COURTEL: ESSAI SUR LE RIEN - PRESSES UNIVERSITAIRES DE STRASBOURG 2013



YANNICK COURTEL
ESSAI SUR LE RIEN
Presses Universitaires de Strasbourg, 2013

Le projet du livre est de tourner la philosophie vers ce qui la rend possible, le Rien, dont cependant elle n'a eu de cesse de se détourner pour se constituer. En effet, une question comme « pourquoi y a-t-il quelque chose et non pas rien ? » présuppose une division entre « quelque chose » et « rien » et, plus encore, la réalité et l'antériorité du « quelque chose » ou de l'« être », alors que le rien, notion repoussoir et secondaire identifiée, dans le meilleur des cas, à un être de raison, a été assimilé au néant. Or, à la différence du néant que l’intellect s’objecte pour concevoir ses objets, le Rien échappe à toute représentation et n’est pas situé dans l’intellect, face à celui-ci. Irreprésentable, il n’est pourtant ni impensable ni surtout sans efficace.
Pensable, le Rien l’est à la manière d’une condition située en amont de tout ce qui est, humanité comprise, et même en amont de l’être de ce qui est. Et si l’être n’est rien de ce qui est, au sens où, en tant qu’être d’un étant, il n’est pas un étant, une leçon heideggérienne s’il en est, le Rien n’est rien de l’être, au sens où, en tant que rien de quelque chose et essence de l’être, il n’est pas l’être et encore moins un étant, fût-il négatif. Eu égard à ce que l’on peut en penser, le Rien a un statut : il n’est ni n’est pas. En dehors de toute dialectique entre l’être et le non-être, le Rien se manifeste. L’expérience de l’angoisse, décrite par Heidegger dans la conférence Qu’est-ce que la métaphysique ?, le prouve et, du Rien, découvre l’efficace. Le Rien peut. Les descriptions du vacillement, du chancellement, de la dérive, de l’abîme, qu’on lira dans cet Essai sont autant d’aspects d’une phénoménologie du Rien et celles du surgissement de l’étant dans son ensemble. Ces mêmes descriptions sont au service d’une approche de l’existence réceptive à ce qui ni n’est ni n’est pas et par rapport à quoi elle tente de se fonder en se faisant projet d’elle-même.
Le Rien est donc une dimension qui permet à la philosophie de viser problématiquement et non pas thématiquement ce qui est et l’être de ce qui est.